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Pantha du Prince au festival Maintenant de Rennes

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Ce spectacle, Conference of trees, j’ai longtemps hésité avant d’y aller. Je me disais que la culture de la musique électronique n’était pas forcément la mienne. Mais je doutais beaucoup puisque le festival Maintenant, dans ses propositions où se mêlent musique, arts visuels, technologie, a désormais une réputation qui n’est plus à faire et est reconnu pour nous avoir déjà offert de jolis moments.
 
Ce qui a fini par me convaincre, c’est une rencontre fortuite dans le cadre de mon travail, avec une personne en charge de l’organisation. Nous avons discuté , le temps de 5 minutes, de la programmation et de ce spectacle en particulier. Ça s’est terminé par : « C’est dommage, comme nous serons sur plusieurs lieux à la fois, je ne pourrai pas voir Pantha du Prince dont la venue en France est si rare ». Il n’en fallait pas plus pour me convaincre d’assister à « conference of trees », au TNB.

Un enthousiasme palpable un soir de clair de lune

La scène est visible dès notre arrivée, pas de rideau, pas de secret. Les instruments sont là : des classiques et d’autres qui suscitent notre curiosité. Ces derniers semblent être plus artisanaux, ce sont sans doute des créations originales. Un léger voile de fumée les entoure, une lumière bleue teinte cette fumée, créant ainsi une ambiance de clair de lune. Les ouvreurs et ouvreuses nous invitent à occuper toutes les places. « C’est complet !» nous annonce-t-on pour justifier qu’il faille serrer les rangs.

L’heure du début approche, la salle commence à vraiment se remplir. Les températures sont fraîches alors manteaux, vestes et autres écharpes se retrouvent sur les genoux. Peu importe, ça nous tiendra chaud. Nous sommes de plus en plus nombreux et le brouhaha d’avant spectacle s’intensifie. On entend et on sent un vrai enthousiasme.

Une légère odeur fleurie flotte dans l’air. Cela fait-il partie du spectacle, s’agit-il d’une personne à proximité qui porte ce parfum ? Peu importe. Cela participe à l’ambiance de clair de lune, celui d’une nuit de printemps.

Conference of trees : plongée en enfance pour ce concert atypique

La lumière s’éteint et les musiciens entre tour à tour en scène. Certains portent une tenue de fourrure et un masque. Masques nous rappelant les arts premiers. On dirait des membres d’un peuple vivant dans le fin fond des forêts du Nord de l’Europe s’apprêtant à entamer une cérémonie. D’autres portent une tenue de couleur claire ni trop ample, ni trop cintrée. Dans leur dos, quelques morceaux de miroir où la lumière des projecteurs se reflète envoyant ainsi des faisceaux furtifs de lumières vers le public.
 
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Crédit photo : Peter Hönnemann
 
Ces miroirs font penser à ces jardins où, pendant notre enfance nous aimions à regarder les vieux CD (si, si, souvenez-vous de l’arrivée d’Internet et de cette ribambelle de CD qu’on nous donnait dans les hypermarchés) accrochés dans les arbres fruitiers et la lumière qu’ils captaient au rythme de leurs tournoiements. C’était joli et permettait de conserver une part de ces si bons fruits pour nos estomacs au détriment de celui des oiseaux qui les convoitaient.

La musique de Pantha du Prince : un dialogue ultra naturel

Une fois les musiciens en scène, ça part doucement. Comme la nature qui se réveille. Hendrik Weber, alias Pantha du Prince, est au fond du plateau, aux platines. Ses acolytes se retrouvent sur les divers instruments. Parmi ces derniers, on trouve de gros linteaux de bois de différentes longueurs, alignés. Entendre des marteaux les frapper en rythme nous évoque effectivement la forêt. Ici, il est question de restituer les sons de la nature,  qui constituent la principale source d’inspiration, et de les associer à la musique électronique.

On s’extasie devant ce sens du rythme qu’ont les acolytes de Pantha du Prince. Hendrik Weber donne le tempo. Eux y apposent des sonorités plus organiques afin que cela forme un tout, des plus envoûtant et entraînant. Le spectacle porte bien son nom , il s’agit bien d’un dialogue entre les arbres et entres les musiciens, on l’entend, on le sent. En ces temps où la communauté scientifique découvre les capacités qu’ont les arbres à se parler, ce spectacle l’illustre parfaitement.