Je connais et suis le travail de gravure de Morgane Chouin depuis quelques temps déjà. Assez admirative et intéressée par ses créations, je reconnaîtrai sa patte entre mille par le choix de sa couleur de prédilection, le bleu. Architecture, paysages, animaux marins, pêcheurs… autant de domaines et sujet qu’elle aime graver sur sa plaque de lino.
Morgane Chouin propose des gravures en petits comme en grands formats qui n’excèdent jamais 50 exemplaires. De la série limitée, un boulot manuel et artisanal, de l’originalité : cela mérite franchement une rencontre ! Avec d’autres créatrices, elle tient la boutique de créateurs NIJ située Boulevard de la Liberté. Une aubaine pour moi, pour la rencontrer et l’interviewer.
Pendant ses études à l’Ecole nationale Supérieure du Paysage de Versailles pour devenir paysagiste, Morgane Chouin était en parallèle en apprentissage pour la ville de Paris au service paysage et environnement. Après trois années passées à travailler à Paris, puis un an à Brest, Morgane est revenue ensuite à Rennes, là où elle y avait ses attaches.
Le pont entre ses études paysagistes et la linogravure est alors un pur concours de circonstances, dans la mesure où elle entreprit la gravure par hasard, en parallèle de sa recherche d’emploi. C’est exactement à ce moment-là et de manière instantanée, qu’elle attrapa le virus de la gravure.
« C’était le CV le matin, gravure l’aprèm. »
Épanouie dans une technique qu’elle qualifie d’accessible, elle s’est rapidement sentie libre à travers cette pratique artistique. Peu de matériel nécessaire, trois gouges, une plaque de lino et la voilà partie !
Au gré de ses déplacements, Morgane Chouin, passionnée de dessin, grave principalement des paysages citadins et de bords de mer. De Rennes à la Côte d’Émeraude, elle dessine tant les façades d’immeubles rennais que le plongeoir de Saint-Malo, des pêcheurs dessinés à partir de photographies anciennes ou un banc de poissons, sujets préférés de Morgane.
Source image : https://www.atelier-morganechouin.fr
Elle travaille également des feuillages en travaillant autour du végétal. Et le bleu utilisé qui se veut très graphique, se marie parfaitement avec ce genre d’environnements.
Source image : https://www.atelier-morganechouin.fr
Dans mon travail, j’ai décidé d’avoir le plus faible impact écologique possible. Je choisis exclusivement des encres à l’eau, pas de machine et pas vraiment d’électricité. J’utilise également du papier recyclé le plus possible, que je récupère régulièrement dans les poubelles ou en brocante.
« Tout est recyclé dans mon atelier. »
Quand je mets trop d’encre ou pas suffisamment, mes tirages sont alors ratés et je les coupe en cartes de visite. Elles sont toutes uniques, du coup. Essayer de s’amuser le plus, avec le moins possible.
J’adore le bleu, j’ai choisi cette couleur comme une évidence, c’est la couleur qui me met de bonne humeur. Depuis que je grave, la couleur a évolué à plusieurs reprises. En ce moment par exemple, mon bleu est assez tonique mais ça n’a pas toujours été le cas. La couleur orange est arrivée également en parallèle du bleu. Je ne me sens pas enfermée dans une couleur, mais je pense que j’ai encore plein d’autres choses à explorer avec le bleu.
« Je ne travaille pas dans les règles de l’art et c’est ce qui m’amuse. »
Je bidouille pas mal et j’apprécie que ce temps de création soit ludique et amusant. J’utilise des encres sérigraphiques et pas mal de papier de récupération pour tester différentes choses.
Cette année, j’ai fait pas mal de collaborations, notamment avec Enilop, une artiste originale, qui manie différentes techniques et notamment la céramique. Ensemble, nous avons créé des tableaux céramiques où j’apporte du relief et mes gravures sur support céramique.
« J’adore les initiatives collectives, locales, qui parlent de la ville. »
Avec Toubaboo également, une amie couturière rennaise qui créé du textile pour enfants, nous avons créé une collection où j’imprime en linogravure sur du textile.
J’ai également exposé au couvent des Jacobins lors du circuit des têtes de l’art en septembre dernier, ainsi qu’au carré rennais.
Dans un autre registre, récemment, dans le cadre d’une résidence de plusieurs mois dans le quartier Baud-Chardonnet, j’ai pu créer avec les habitants, à travers des stages, des linogravures du quartier. Sept linos ont été réalisées autour de lieux emblématiques du quartier.
Source image : Morgane Chouin
« Le quartier Baud Chardonnet, c’est un nouveau regard sur Rennes. »
À la suite de ces créations, un jeu a été créé autour d’une carte du « Baud Parcours ». Toute personne peut donc se rendre à la Cale, maison de quartier du projet Baud-Chardonnet, et partir en quête des lieux indiqués par une œuvre. Si vous trouvez les sept lieux, une surprise vous attendra.
Dans la boutique NIJ, où nous sommes actuellement pour cet interview, qui est une boutique associative locale de créatrices. Quelques-unes de mes gravures sont aussi exposées chez les Clandestines, rue de Paris.
« Je serai également tout le mois de décembre au marché de créateurs, place Hoche pour proposer mes gravures. »
Pour découvrir le travail de Morgane plus en détails, elle a un site web : https://www.atelier-morganechouin.fr et une page Facebook et Instagram.