Pierre Le Vacon, professeur de capoeira à Rennes

Pierre Le Vacon, du haut de ses 24 printemps est professeur de capoeira depuis maintenant plusieurs années. Rennais d’origine, il est un peu l’enfant du pays breton élevé aux bonnes vieilles galettes saucisses. Depuis notre symbolique rencontre fin 2014, je découvre à travers lui la capoeira, ce mélange de jeu, danse et art martial et ai souhaité en savoir plus.

Depuis quand pratiques-tu la capoeira ?

J’ai commencé à prendre des cours de capoeira à l’âge de 10 ans dans l’association Ladaïnha créée par mestre (maitre) Armando Pekeno et sa femme mestrana Michelle Brown. A cette époque où la capoeira n’était pas vraiment connue en France, je ne savais pas du tout ce que cet art allait m’apporter et j’ignorais l’importance culturelle et historique de cette danse. Jusqu’à présent, j’avais juste eu l’occasion d’assister à  une démonstration de cette association et j’avoue avoir été impressionné par les capacités physiques des capoeiristes.

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Pierre, danseur & professeur de capoeira à la CBC @Viuva

A cette époque (2001) j’étais dans un club de football avec mes amis de quartier et je cherchais une activité qui sortait de l’ordinaire.

Je voulais faire quelque chose que peu de monde connaissait dans mon entourage.

Quand je commence une activité, je suis plutôt du genre à y aller à fond ! Donc après quelques cours avec la mestrana Michelle Brown, j’ai compris que si je voulais avoir un bon niveau un jour, il fallait s’entraîner beaucoup et étudier la capoeira. J’ai donc décidé de prendre plus de cours et m’entraîner tous les jours chez moi.

A l’école et au collège, j’étais le genre d’élève qui passe très peu (voire pas du tout) de temps sur ses devoirs. J’avais donc beaucoup de temps pour m’entraîner : )

Que t’apporte la capoeira dans ton quotidien ?

La capoeira m’apporte tant de choses depuis toutes ces années… La première et la plus importante, sans hésitation : la rencontre ! Toutes ces personnes avec qui je partage cette passion sont véritablement devenus des membres de ma famille :  nous ne faisons pas que nous entraîner ensemble, nous vivons ensemble. Je les considère tous comme des frères et sœurs tout comme je considère mon mestre et ma mestrana, comme des parents.

La capoeira m’a aussi appris à être plus sur de moi et plus confiant. Les nombreuses représentations en public auxquelles j’ai participé en tant qu’enfant, ont permis une appréhension différente du regard des autres.

Pierre @Viuva

Également grâce à la capoeira, j’ai vu mon intérêt pour la musique s’amplifier de jour en jour.

Sans musique il n’y a pas de capoeira.

Et même si les premières années je n’y croyais pas, je joue aujourd’hui (plus au moins bien) plusieurs instruments (berimbau, atabaque, pandeiro…) et je continue à me perfectionner aux instruments de musique ainsi qu’aux chants lors des différents cours et stages proposés.

Grâce à des entraînements réguliers, on développe sa force, sa souplesse et son équilibre. Et comme le dit le proverbe « bien dans son corps, bien dans sa tête ».

 

 

Un petit mot pour ceux qui découvrent la capoeira ?

La capoeira est un art afro-brésilien qui puise ses racines d’anciennes cultures africaines (danses, lutte, musique…). Née sur le territoire Brésilien, elle a été créée par les esclaves africains au 16 ème siècle.

La naissance de la capoeira est assez mystérieuse étant donné qu’elle a été créée dans la clandestinité et n’a laissé quasiment aucune trace écrite. L’une des suppositions raconte que les esclaves étaient mélangés par les portugais avec d’autres tribus d’Afrique ayant des dialectes différents, pour qu’ils ne puissent pas communiquer ensemble. Ces esclaves en quête de liberté auraient échangé et mélangé leurs techniques de combats en cachant leur art martial sous forme de jeu et de danse pour que les maîtres esclavagistes ne se doutent de rien.

La capoeira, c’est l’art de la survie.

Je ne peux pas décrire ce qu’est exactement la capoeira aujourd’hui et je pense que personne ne le peut car chaque capoeiriste a sa propre façon et sa description personnelle. C’est ce qui fait tout son charme, d’ailleurs.

Pour moi, la capoeira n’est pas une danse ou un combat, plutôt un jeu où je dialogue en mouvement avec quelqu’un.

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Fête de la Musique 2015 / Rennes @Valérie Soriano

Tu as intégré l’association Rennaise CBC : peux-tu nous en dire plus sur cette asso et ce qu’elle propose ?

La CBC (Coopérative Bretonne de Capoeira) a été créée en 2007 par mestre Armando Pekeno et mestrana Michelle Brown. Pour comprendre son origine, il faut remonter en 1992 à la création de la compagnie Ladaïnha à Paris.

Armando et Michelle sont capoeiristes mais également chorégraphes et danseurs. Certaines chorégraphies ont d’ailleurs été récompensées par de nombreux prix. En s’installant à Rennes en 1997, ils développent parallèlement à la danse, un travail autour de la capoeira. Quelques dix ans après, certains de leurs élèves partent aux quatre coins de la Bretagne pour créer leurs propres associations de capoeira et transmettre ce qu’ils ont appris. La CBC, c’est le regroupement de ces différentes associations.

Tu enseignes la capoeira depuis plusieurs années maintenant, peux-tu décrire en quelques mots un cours type ?

A Rennes et ses alentours, nous sommes plusieurs intervenants de la CBC (Coopérative Bretonne de Capoeira) à enseigner. Il y a des cours quasiment tous les jours, pour tous niveaux et tous âges. Au sein de la CBC, le premier grade que l’on peut obtenir s’intitule « trenel » : il est généralement donné aux élèves qui obtiennent le niveau nécessaire pour commencer à enseigner.  

J’ai obtenu ce grade en 2011 et depuis je donne des cours au sein de la CBC.

Donner des cours, transmettre et partager est très bénéfique pour ma progression en tant que danseur et également pour moi. J’ai la liberté de choisir et de créer mes cours comme bon me semble pour faire progresser mes élèves.

Coopérative Bretonne de Capoeira / CBC
Coopérative Bretonne de Capoeira / CBC

D’après moi, il n’y a pas de cours-type. J’aime varier les exercices et la construction d’un cours : un bon échauffement en début de cours et des étirements en fin de cours sont obligatoires pour éviter la casse…

Quels sont tes ambitions et souhaits d’évolution à travers la capoeira ?

A l’avenir, je souhaite fonder ma propre association de danse. Je ne suis pas pressé et j’ai encore pas mal de choses à apprendre… mais j’aime donner des cours et transmettre ma passion et je ne pense pas que cette envie me quitte un jour.

Je resterai bien sûr attaché toute ma vie à la CBC !

Encore merci pour cette interview Pierre ! Et bonnes vacances…

 

2 réflexions sur “Pierre Le Vacon, professeur de capoeira à Rennes”

  1. J’ai eu l’occasion il y a plusieurs années de connaître la capoeira, mais j’ai vraiment découvert cet art avec Pierre, véritable magicien dans sa discipline! Un mot, un son, un geste et Pierre nous embarque avec passion dans cet univers si inspirant, avec générosité et partage..

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